La liberté, c’est la dignité

23 Mar

Dans le quartier jouxtant la Bourse à Bruxelles, la tension est palpable en cette fin du mois de juillet 2008. Les derniers sans-papiers, réclamant la régularisation de leurs situations, viennent de descendre des grues d’où ils manifestaient. Tandis que d’autres sans-papiers sont encore dans les églises et poursuivent leurs grèves de la faim.

De nombreux sans-papiers mécontents ont envahi le centre de la capitale cet été. Entre les différents night-shops et autres commerces encore ouverts passé minuit ce jeudi soir multitude de nationalités, on se sent un peu perdu. Un vrai patchwork. Une multitude de couleur. Oui, ce soir à Bruxelles nage le monde entier en toute liberté.

Que fait la police ?

La police est là sans vraiment être là. Arrêter un sans papier entraîne des paperasseries (sans jeu de mot) qui encombre l’administration et les centres fermés déjà trop engorgés. La police laisse donc le sans-papier vivre libre si celui-ci ne trouble pas l’ordre public. Un pacte informel est ainsi signé. Le sans-papier connaît cette règle et reste tranquille dans la ville. C’est sans doute pour cela que les sans-papiers sont descendus des grues avant l’intervention de la police, qui aurait pu aussi intervenir plus tôt…

Qui sont les sans-papiers ?

Ils vivent souvent dans des conditions pénibles, fuyant leurs pays pour retrouver ici, dans un monde meilleur, où le salaire -comme le chômage- et le logement sont plus profitables. Il est vrai que trop souvent les sans-papiers pensent que l’argent se ramasse à la pelle dans la rue, que le travail au noir est légal et possible. Mais si nous regardons la pyramide sociale, il est avant tout primordial d’avoir un logement et de se nourrir. Ici on ne parle pas de position politique, mais de besoins premiers.

Les réfugiés politiques

Bien sûr, nous ne pouvons accueillir toute la misère du monde. Mais pourquoi être si durs avec les sans-papiers ? Que ferions-nous à leur place ? Notre chance est d’être né ici, dans un monde où nos parents, grands-parents, et arrières grands-parents se sont battus pour cette liberté. Nous avons aussi construit notre histoire et eux construisent la leur. Pourquoi enfermer celui qui ne veut que la liberté ?

Les centres fermés

En passant devant le centre fermé de Vottem, on ne voit que des murs et des grillages hauts de quelques mètres, des grillages de l’armée et des gardes à chaque porte. Les conditions de vie dans ces centres sont pénibles, ils sont enfermées, sont surveillés comme dans une prison.

Mais que sont leurs crimes ? D’être sans-papiers, voilà tout. Comme dans cette pièce de théâtre dans laquelle une sans-papier dit lors de son arrivée en pays libre : « Ce matin là, la démocratie déguisée comme une belle-mère nous a accueilli les bras ouverts une menotte à la main… ».

Ces personnes cherchent tout simplement un bien-être, une vie normale et ils sont enfermés comme de simple voleur. Eux qui n’ont rien volé, sauf peut-être une envie de liberté.

«  J’avais entendu qu’on mangeais du poulet tous les dimanches »

Youri (nom d’emprunt) était sans-papier lors de son arrivé en Belgique, il y a plus de 40 ans. Il arrivait de l’ex-Yougoslavie, et plus précisément de Macédoine. Là-bas, il ne mangeait pas tous les jours et avait un logement plus que précaire. Il avait entendu dire qu’en Belgique, on mangeait du poulet tous les dimanches.

Un jour, il se décida pour un long voyage vers la Belgique. Les premiers mois, il dormait sur les bancs. C’était en été. Puis il trouva du travail, amassa de l’argent, fit venir sa femme. Actuellement pensionné, il a trois maisons à Bruxelles. Ses enfants ont réussi leurs vies professionnelles et c’est aujourd’hui avec une triste nostalgie qu’il s’assied sur les bancs sur lesquels il avait pu dormir.

Les papiers, les frontières, comme les centres fermés, sont une invention de l’homme. Mais la liberté est cette qui condition qui permet à l’homme de trouver toute sa dignité.


Sources :

http://mouvements.be/dossiers/sans-papiers.html

http://www.cire.irisnet.be/appuis/udep.html

http://sanspapiers.skynetblogs.be/


Article réalisé en novembre 2008 par Sarah Gustin dans le cadre du projet Jeunes-journalistes.net

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